C’est moi, Pierre, ton oreille !

J’attendais avec impatience mon tour pour te parler de moi et de mon Créateur tandis que, dans le précédent numéro, mes organes voisins dans ta tête, les yeux, te racontaient comment ils ont été placés sur toi telle une création miraculeuse et la façon dont ils illuminaient ton monde. Te demandes-tu pourquoi j’étais si impatiente ? C’est parce que j’étais pressée de manifester à tout l’univers Celui qui montre un art si grand en toi et qui t’a donné la capacité d’entendre seulement une certaine quantité des sons créés dans l’univers. Il est le seul qui rassemble si harmonieusement toutes mes pièces, y compris les deux récepteurs sonores extérieurs en forme de cuillère, de merveilleuse structure, dans lesquels tu ne vois que deux morceaux de chair placés de part et d’autre de ta tête et auxquels tu n’accordes pas beaucoup d’attention. Pourquoi resterais-je silencieuse alors que j’ai été créée aussi avec autant d’habileté et de minutie que tes yeux ?

La vie sans moi n’est que silence
Chaque artiste souhaite présenter son travail à des yeux admiratifs. Dans tout l’univers, depuis les atomes jusqu’aux systèmes stellaires, Dieu te montre tous les détails de Son art, à toi, être conscient ; et parmi Ses œuvres, Il a installé les plus splendides dans ton corps. Il t’a donné la raison et le savoir afin que tu puisses facilement les voir et les comprendre. Avec le savoir, tu peux apprécier la signification et les différentes qualités de l’existence. Cependant, tu as besoin d’un autre outil : tes cinq sens, à travers lesquels tu regardes et en sais plus sur le monde matériel qui t’entoure. Tu transformes ensuite ce savoir en une appréciation des significations que recèle la Création.

Si tu n’étais pas en mesure de percevoir la lumière et la couleur par le biais de tes yeux, ta connaissance de l’existence matérielle serait insuffisante. De même, si Dieu ne m’avait pas placé dans ton crâne, tu ne serais pas capable d’entendre et de connaître les chants des oiseaux, le bruissement des arbres, le murmure de l’eau ou le sifflement du vent, qui sont chacun une note dans la divine harmonie musicale à travers l’univers. En effet, tout parle dans sa propre langue afin de présenter Dieu aux gens. Tes yeux te permettent de percevoir les choses qui parlent avec les longueurs d’onde de la lumière. Tu m’utilises pour percevoir les autres longueurs d’onde appelées sons, qui sont causées par la vibration des molécules.

Je perçois les fréquences sonores entre 20 et 20000 hertz. Au-delà et en deçà, je ne perçois rien. C’est n’est pas là un handicap, mais au contraire un don de Dieu. Si le Créateur de toute chose dans l’univers ne m’avait pas créée avec cette capacité limitée, tu souffrirais en permanence d’affreux maux de crâne. S’Il m’avait fait travailler avec une gamme d’audience plus large, tu aurais été perturbé par les pas d’une petite fourmi, par le gémissement d’un insecte déposant ses œufs, par le bourdonnement des ruches et par le froissement d’ailes d’un oiseau. Par conséquent, le fait que j’ai une sensibilité suffisante pour pouvoir répondre à tes besoins est un avantage et un signe de la divine miséricorde. Après tout, mon Créateur donne à chaque genre exactement ce dont il a besoin, de la manière la plus appropriée et dans les meilleures mesures ; rien de ce qu’Il décrète n’est jamais absurde. N’envie pas la chauve-souris pour son ouïe : je suis l’oreille qui te convient le mieux.

Ne pense jamais que mon côté extérieur, visible, est trop simple. Mon oreille externe, qui parfois devient rouge lorsque tu es nerveux, est placée dans la meilleure position selon la forme de ta tête afin qu’elle puisse recevoir les sons de la façon la plus efficace. Parce qu’elle est composée de cartilage élastique, mon oreille externe (A) est très flexible, et ne casse pas quand tu es couché sur elle. Le dessin de mes courbes (qu’on appelle également hélice) et les poils dans mon canal ne sont pas là sans raison non plus. Mes cartilages ont la forme parfaite pour canaliser le son vers le bas, vers mon oreille moyenne, selon l’intensité du son et la direction de laquelle il provient. Parce que cette forme particulière est formée selon le code génétique propre à chacun, elle diffère d’une personne à l’autre. Les poils dans le canal servent à me protéger contre les corps étrangers, comme les insectes ou les poussières. Le canal qui relie ma partie externe à ma partie interne est assez large, mais si trop de cire s’y accumule, je pourrais subir une perte auditive temporaire.

Ma partie externe est suivie par mon oreille moyenne, qui commence avec le tympan (membrane tympanique) (C). Trois os sont attachés à ce mince tympan : le marteau (D), l’enclume (E) et l’étrier (F), qui sont tous placés en ordre. Ces petits os sont articulés les uns aux autres dans un angle de 105 degrés. Agissant comme un piston, ils amplifient même la vibration sonore la plus petite qui vient du tympan et la transmettent à l’oreille moyenne. Mon espace d’oreille moyenne est relié à ton pharynx par un canal très mince appelé la trompe d’Eustache (G). Afin de protéger mon tympan d’une rupture, je recommande que tu ouvres la bouche au cours d’une explosion ou d’un son intense. De cette façon, les ondes sonores qui entrent par la bouche feront équilibre avec les ondes sonores dans mes canaux afin que mon tympan soit protégé.

Ma partie externe est suivie de ma partie interne, qui est la partie la plus vitale et la plus sensible. Par conséquent, elle est entourée et protégée par les os de ton crâne. Cette partie interne, qui est un étonnant chef-d’œuvre technologique, comprend deux volets de récepteurs merveilleux. Ces deux petites parties sont placées dans la même zone étroite à l’intérieur de l’os temporal, mais elles accomplissent des tâches différentes. L’une d’elles est la cochlée (H), qui participe à l’audition. Dans l’autre, on trouve les canaux (vestibulaires) de l’équilibre, qui comprennent les canaux semi-circulaires (I), le saccule (J) et l’utricule (K). Cet organe de l’équilibre permet de se tenir droit et de marcher, courir ou se déplacer sans se cogner ni tomber.

Comme le marbre sculpté ou le métal forgé, ces pièces sont fabriquées d’os qui forment un tout beau et complexe. Ma cochlée est divisée en largeur par un tube osseux. Le compartiment supérieur au-dessus du tube est connecté à une fenêtre ovale, qui sert d’écoulement de l’oreille moyenne. Le compartiment inférieur sous le tube est relié à une fenêtre ronde. Ma partie interne est un labyrinthe de tubes remplis de liquide. Le fluide dans le labyrinthe osseux, entre l’os et les membranes, est appelé périlymphe, et l’autre fluide au sein de la structure membraneuse est appelé endolymphe.

Situé sur la membrane basilaire (L) de ma cochlée, se trouve un organe très petit et spécial que tu appelles l’organe de Corti. L’organe de Corti contient les cellules de l’audition (ou cellules ciliées), les récepteurs (M) qui sont sensibles aux ondes sonores et d’autres cellules de soutien. Parce que la longueur des cellules de l’organe de Corti varie, différentes parties de ma cochlée sont sensibles aux sons de différentes longueurs d’onde.

Les ondes sonores voyagent via le marteau, l’enclume et l’étrier et à travers ma fenêtre ovale, agitant la périlymphe de ma cochlée. Après cela, les ondes sonores font vibrer la membrane de Reissner (N) dans ma cochlée, ce qui se traduit alors par un mouvement de vague dans l’endolymphe. Le mouvement de vague continue le long de cette membrane jusqu’à ce qu’il atteigne mon organe de Corti. Les cellules réceptrices spéciales (ou cellules ciliées) de l’organe de Corti sont les récepteurs de la vibration ultime. Leurs surfaces sont constituées de très petits brins (cils). Ces petits brins se plient et se tordent lorsque les ondes sonores sont reçues. À cet instant, un événement très important se produit : c’est le mouvement de ces brins qui convertit l’énergie mécanique (ce qui est produit par les vibrations des ondes sonores) en impulsions électriques. Ces impulsions électriques sont ensuite envoyées au cerveau via le nerf auditif (nervus cochlearis) du cerveau, où elles sont perçues comme « sons ». Ces mêmes ondes sonores continuent leur chemin vers la périlymphe et passent dans la fenêtre ronde, la section entre l’oreille moyenne et l’oreille interne. La fenêtre ronde les pousse vers l’extérieur pour dissiper les vibrations sonores dans la périlymphe et diminuer ainsi leur pression.

La vitesse d’audition dépend de la vitesse du son qui traverse ma membrane et mes petits os. Cependant, une fois que les ondes sonores commencent à arriver à ton cerveau comme une impulsion électrique le long du nerf auditif, le processus d’audition augmente sa vitesse. Alors ton cerveau interprète immédiatement et réagit aux ondes sonores. Tu n’es pas au courant de toutes ces activités rapides qui sont parfaitement accomplies dans des fractions de seconde. Tu dis seulement que tu peux entendre quelque chose normalement. As-tu jamais pensé auparavant comment l’audition se déroulait ? Penses-tu que tu pourrais imaginer les sons et la musique dans l’univers si Dieu ne m’avait pas créé pour être ton organe d’audition ? Penses-y, Pierre ! Dieu sait exactement ce dont tu as besoin pour ta vie et dote ton corps en conséquence. S’il n’y avait pas de Dieu, un organe aussi compliqué que ton oreille aurait-il pu se former par lui-même dans ton crâne ? Peut-il être une simple « coïncidence » où certains mécanismes biologiques se placent avec succès et dans l’ordre sans aucun plan ni projet alors qu’ils produisent un organe aussi splendide que moi avec toutes mes parties ? Comme toute personne raisonnable et réfléchie, tu comprends maintenant que je ne peux pas être le résultat d’une simple coïncidence, mais seulement une création de notre Dieu Tout-Puissant, n’est-ce pas ?

Maintenir ton équilibre Jusqu’à maintenant, ce que je t’ai dit concerne mon devoir d’audition. Maintenant, je dois aussi te parler de mon devoir d’équilibre, afin que tu puisses mieux comprendre combien je suis un miracle.

As-tu déjà vu un acrobate marcher sur une corde ou un alpiniste en action ? Ou dois-je te donner un exemple plus familier ? Songe alors à toi en train de faire du vélo. À la moindre erreur, l’acrobate peut tomber de la corde, le grimpeur peut se détacher de la falaise, et tu peux tomber de vélo. Tandis que tu fais des mouvements inconscients (des réflexes) pour garder ton équilibre, as-tu jamais songé aux multiples opérations que dois alors effectuer mon système ? J’ai été équipé de récepteurs très sensibles qui t’aident à rester stable pendant tes différents déplacements. Ces récepteurs reconnaissent immédiatement les changements qui surviennent à chacun de tes mouvements ; ils permettent à ton corps de s’adapter à ta nouvelle posture en envoyant à la moelle épinière et au cerveau des informations sur la nouvelle situation.

Tu peux te demander comment ces deux processus, l’ouïe et l’équilibre, peuvent avoir lieu dans une si petite zone du corps, l’oreille interne. C’est notre Créateur qui met des cellules microscopiques dans un endroit étroit et exécute les opérations les plus complexes et les plus importantes par l’intermédiaire de ces petites cellules.

Comment as-tu la sensation d’équilibre et comment le bon réflexe te fait exécuter à chaque fois l’action la mieux adaptée ? Pour trouver une réponse à cela, tu as besoin de revoir ces structures anatomiques dont je te parlais plus haut. À la base de mes canaux semi-circulaires se trouve un élargissement du bulbe qui s’ouvre sur le saccule et l’utricule. Mes trois canaux semi-circulaires sont disposés dans des angles de 90 degrés les uns par rapport aux autres dans un espace tridimensionnel.

Mes canaux semi-circulaires contiennent peu de cellules ciliées sensorielles, mais elles sont très nombreuses dans l’élargissement du bulbe. Les brins de ces cellules, qui sont délicatement placés, ont suffisamment d’élasticité pour se tordre et plier lors d’un mouvement. Les récepteurs d’équilibre dans le saccule et l’utricule sont couverts par une fine membrane qui contient une couche gélatineuse et des cristaux de calcite minuscule (cupula terminalis). Selon sa densité, le fluide de l’endolymphe dans mes canaux semi-circulaires se déplace dans le sens inverse de ta tête et de ton corps. Semblable au mouvement incontrôlé des passagers dans un véhicule qui accélère, en fonction de la vitesse et de la direction, le mouvement et la vitesse de l’endolymphe diffèrent du mouvement général de ton corps. Par exemple, lorsqu’une voiture tourne à droite, les passagers sont déportés vers la gauche avec l’accélération de la rotation, et lorsqu’elle freine brusquement, ils sont projetés vers l’avant. De même, selon son accélération et son élan, tout changement dans ton mouvement cause le déplacement du fluide dans mes canaux semi-circulaires. Déclenchée par le mouvement de l’endolymphe fluide, la masse gélatineuse avec les morceaux de la calcite est déplacée, provoquant la torsion des brins des récepteurs. Chaque mouvement de ta tête avertit les cellules des différentes parties, et via le nerf vestibulaire (nervus vestibularis), le système nerveux est averti des changements qui surviennent dans ton équilibre.

Gratitude et contemplation
Tu as maintenant vu le travail incroyable que produisent mes deux compartiments, les organes de l’équilibre et de l’ouïe. Tout au long de ta vie, le premier te sert à maintenir ton équilibre sans manquer aucun de tes mouvements, alors que le dernier permet d’en savoir plus sur les milliers de types de sons dans le monde. Une fois que tu considères tous tes mouvements dans ta vie, tu verras que mes deux organes exercent parfaitement leurs fonctions sans jamais abandonner, se fatiguer ou se plaindre. Nous ne te demandons aucune contrepartie matérielle pour ces avantages. En fait, lorsque Dieu Tout-Puissant t’a créé, Il nous a placés dans ton crâne et a configuré notre connexion avec le centre connexe dans ton cerveau ; Il ne t’a demandé aucune contrepartie matérielle. Tout ce qu’Il veut, c’est que tu songes à ces bénédictions et que tu Lui en sois reconnaissant.

Si tu visitais un hôpital, tu assisterais à plus d’une scène qui t’amènerait à prendre conscience des bénédictions dont Dieu t’a comblé et tu t’en montrerais reconnaissant. Les graves maladies de l’oreille incluent l’infection de l’oreille moyenne (otitis media), souvent observée chez l’enfant ; l’otospongiose, qui est la capacité limitée de l’étrier à transmettre les ondes sonores parce que sa base devient fixée à la fenêtre ovale ; et plusieurs troubles de l’audition présents à la naissance ou qui se produisent plus tard dans la vie, selon le niveau des dommages du nerf auditif. En étant témoin des effets de ces maladies, tu comprendras combien il est important d’entendre et de se tenir droit et en équilibre et tu verras donc combien tu es béni. À chaque pas que tu fais, quand tu es couché ou debout, ou à chaque fois que tu entends le gazouillis des oiseaux, une belle mélodie et la voix douce de tes parents, tu apprécieras désormais la grandeur et la miséricorde de notre Seigneur, qui a gravé les significations de tous ces sons dans ton esprit.

Pierre ! Jusqu’à présent, tu m’as utilisée pour écouter les autres, mais aujourd’hui, c’est à mon tour d’être écoutée et de parler de moi-même. Cependant, je dois admettre que je n’ai pu t’expliquer les détails que d’environ un centième des beautés manifestées à travers moi, à travers ma délicate structure anatomique. Si j’essayais de te présenter par le menu tout ce qu’ont permis de découvrir à mon sujet les avancées de la technologie et de la science, ainsi que les significations qui y sont attachées, il me faudrait assurément bien plus de pages que n’en contient ce magazine que tu tiens entre tes mains. D’ailleurs, tu n’as pas besoin d’autant d’informations. Mon principal objectif ici était d’attirer ton attention sur moi, et à travers ce que je suis, te faire connaître notre Dieu et te rapprocher de Lui. J’espère y être parvenue. Par la suite, tu entendras de temps à autre un petit tintement, qui, me rappelant à ton souvenir, te sauvera à nouveau de ton inattention.

Irfan Yilmaz est professeur de biologie à l’Université 9 Eylül à Izmir.